The Birman Resource
A History of the Birman Cat in the World
Historique du cinnamon et du fawn
Et voici donc, parmi les couleurs actuellement reconnues pour le Sacré de Birmanie, la plus récente.
Tout comme le chocolat, le cinnamon, au rendu brun cannelle chaud, est lié à un allèle situé sur le locus B : l'allèle bl, pour "Brown light". Pour rappel, l'allèle B correspond au noir/seal, et b au chocolat. Le cinnamon se trouve être l'allèle le plus récessif de la série, ce qui signifie que le noir/seal comme le chocolat dominent sur le cinnamon. La combinaison de la dilution et du cinnamon donne du fawn. Les points du fawn prennent une teinte café au lait clair rosé, sur un corps blanc cassé. Il demeure un peu plus rare que le cinnamon.
L'autre point commun entre les allèles b et bl est qu'ils sont tous deux le produit d'une mutation d'abord survenue au sein de races d'origines asiatiques, avec une faible occurrence chez le chat dit de maison. Le cinnamon est reconnu pour plusieurs races félines, mais est notamment connu sous le nom de "sorrel" chez l'Abyssin et le Somali. On ne s'étonnera donc pas que le Somali ait servi de race d'introduction, mais la couleur existe aussi chez le Siamois et ses cousins, que l'on retrouve encore une fois. Enfin, dans un autre registre de race, le cinnamon est plutôt populaire chez le British, qui a beaucoup gagné en visibilité ces dernières années et remplace peu à peu le Persan comme partenaire d'outcross désirable pour le Sacré de Birmanie - c'est ainsi qu'il a pu trouver sa place dans plusieurs programmes.
Très peu d’élevages possèdent des Sacrés de Birmanie véritablement aptes à produire les robes cinnamon et fawn, plus de vingt-cinq ans après les premières introduction.
Calimero von der Milschstrasse, mâle cinnamon point appartenant à Marianne Deblaere
Marquise Fawn des Clayes d'Eden, femelle fawn point appartenant à Eva Boselli
Premier constat : c'est la première fois depuis le chocolat et le lilac que l'on introduit une couleur qui implique de travailler avec un allèle récessif. La comparaison est tentante, d'autant que certains outils comme les tests ADN, qui n'existaient pas encore, permettent une approche différente. On peut maintenant s'autoriser à garder, sur plusieurs générations, des chats qui auront été testés comme porteurs de cinnamon, afin d'atténuer les caractéristiques de la race introduite avant de remarier des porteurs entre eux. Cette stratégie fut principalement envisagée durant les années 2000 et tend désormais à régresser. À l'époque des programmes pour le chocolat et le lilac, les mariages entre porteurs étaient évidemment, dès le départ, la norme nécessaire, puis que l'on ne pouvait pas s'assurer autrement de la conservation de l'allèle.
On aurait donc pu s'attendre à ce que le cinnamon et le lilac se répandent un peu plus rapidement que leurs prédécesseurs. Or, le premier programme, d'origines néo-zélandaises, remonte à 1995, soit il y a plus de vingt-cinq ans. Un stade auquel le chocolat avait déjà plutôt bien réussi à s'implanter dans le bassin génétique de la race.
La France possède probablement, à l'heure actuelle, le vivier de chats cinnamon et fawn le plus actif. Dès le début des années 2000, la variété est reconnue par le LOOF grâce à l'éleveur et juge Thierry Fontaine. Reste que même en France, le cinnamon reste principalement une affaire d'éleveurs d'abord spécialistes des variétés smoke et silver, et qui portaient donc déjà un intérêt aux "nouvelles couleurs". Auprès du public général des éleveurs, le cinnamon peine à percer, et l'adossement de son développement à celui du smoke et du silver - qui, eux aussi, ont leurs propres enjeux - ne l'aide pas forcément à émerger. La faute aussi, peut-être, à un certain conservatisme alimenté par le sentiment que la palette de couleurs est déjà suffisante. Nous verrons si la proportion croissante de chats cinnamon et fawn à faire un parcours en exposition piquera la curiosité d'autres éleveurs.
Ce retard peut également trouver une explication supplémentaire dans les origines des premiers programmes, qui étaient peu accessibles au continent européen.
Mona Lisa du Sacré Roi, femelle cinnamon smoke point appartenant à Jean-Luc Odeyer
N'Aimi Canella, femelle cinnamon silver tabby point appartenant à Eva Boselli